Quel est le moyen le plus efficace d’apprendre ses cours ? Voilà une question qui doit vous intéresser ! En effet, le système scolaire français se révèle être l’un des moins performants d’Europe, tout en étant l’un des plus coûteux au monde. Nombreux sont les enseignants et les étudiants qui prennent conscience que personne ne nous a jamais appris à apprendre, ni à l’école primaire, ni plus tard.

Par ailleurs, tout le monde a déjà entendu dire qu’il y a plusieurs profils d’apprenants et que chacun a une façon particulière d’apprendre. Alors existe-t’il une méthode optimale d’apprentissage qui soit adaptée à tout le monde ? La réponse est Oui ! Et ce moyen n’est pas la lecture ! Bien au contraire…

Raison n°1 : Pour apprendre, relire son cours est beaucoup moins efficace que le réécrire ou le réciter de tête

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Il ne faut pas confondre lire, relire, et apprendre

Comme le prouvent de très nombreuses études scientifiques, la lecture et la relecture ne sont pas utiles pour apprendre. Pour en savoir plus sur l’apprentissage du savoir médical au cours des études de santé, cliquez-ici. De fait, quand on relit des cours que l’on a déjà lu, il y a peu d’impact sur la mémoire à long terme. En d’autres termes, on n’apprend presque rien de plus car on mémorise peu ou pas d’information en plus !

En effet, les recherches nous indiquent que les plus gros gains en terme de mémorisation sont produits quand il y a un effort qui est fait pour se souvenir. Plus nous faisons un effort pour retrouver une information dans notre cerveau, mieux notre cerveau va fixer l’information. En conséquence, le savoir sera mieux intégré dans différents circuits de neurones et nous apprenons mieux. A l’inverse, lorsque nous relisons un cours, nous ne fournissons aucun effort pour nous remémorer les informations. C’est pourquoi nous mémorisons très peu dans ce cas là.

 La relecture est très peu utile pour apprendre.

Apprendre c’est muscler son cerveau

Il y a une manière très simple de comprendre cela. Comme le cerveau « est » un muscle, nous allons employer la métaphore du sport. Quand nous relisons un cours, c’est comme si nous nous allongions sur le canapé. En conséquence, nous n’obtenons pas un joli corps musclé et des abdominaux de dieux Grecs ! A contrario, quand nous descendons du canapé et faisons de l’exercice sur un tapis de sport, avec le temps, notre corps sera bien svelte et musclé.

Plus nous faisons un effort pour retrouver une information dans notre cerveau, mieux notre cerveau va fixer l’information et plus nous apprenons.

Pour schématiser, quand nous lisons, relisons et rerelisons un cours, nous restons sur le canapé. Ainsi, nous n’obtiendrons pas un beau cerveau bien musclé avec tout plein de connaissances dedans. A contrario, quand nous transpirons pour faire remonter des informations à la conscience et nous en rappeler, c’est comme si nous faisions de la musculation avec notre cerveau. Celui-ci « se muscle » de plus en plus et stocke davantage toutes les informations que nous souhaitons apprendre.

Pour muscler son cerveau, il suffit de ressortir de tête toutes les informations que nous possédons sur un cours !

Raison n°2 : la relecture de vos cours ne vous permet pas de savoir ce que vous savez !

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J’ai une question pour vous ! Comment pouvez-vous savoir ce que vous devez apprendre si vous ne savez pas précisément ce que avez déjà mémorisé ? Réciproquement, si vous n’avez pas conscience de ce que vous connaissez d’ors et déjà, comment pouvez-vous être sûr que vous n’allez pas étudier quelque chose que vous n’avez pas besoin d’apprendre ?

Pour avoir une idée de ce que nous devons apprendre, il faut évaluer notre niveau de connaissance. Il faut savoir avec précision ce que nous maîtrisons parfaitement, ce que nous connaissons peu, et ce que nous n’avons pas retenu. C’est un point crucial qu’aucune méthode d’apprentissage efficace et intelligente ne néglige. Pour savoir où aller, il faut savoir précisément où nous sommes. De la même manière, pour savoir quoi apprendre, il faut savoir où nous en sommes dans notre apprentissage. Logique, n’est-ce pas ? C’est bien là, qu’apparaissent deux problèmes que la relecture provoque !

Relire un cours donne l’illusion de le connaître

Dites-moi, vous est-il déjà arrivé en relisant un cours de vous dire :

 » Ah oui ! ça je sais… », « Et ça aussi, je m’en rappelle ! »,  « Ah ça oui, on l’a vu l’autre jour… »

En psychologie cognitive ce phénomène porte un nom : c’est « l’illusion de connaissance ». Une étude a d’ailleurs montré que ce phénomène est très fréquent chez les étudiants. C’est une des raisons pour laquelle ils continuent à lire et relire leurs cours. En effet, quand on a l’impression de connaître son cours, cela nous rassure et nous donne des sensations de plaisir. Et tout cela en restant dans le canapé en plus…  En réalité, dans ce cas précis, nous confondons connaître et reconnaître.

Dans le premier cas, je n’ai besoin que de ma mémoire pour retrouver telle ou telle information. Dans le second cas, j’ai besoin d’une aide extérieure, un indice pour faire rejaillir l’information dans mon esprit. Le top des indices est… l’information elle-même bien-sûr ! En passant, quasiment tous les moyens mnémotechniques n’ont qu’une utilité, celle de nous donner des indices pour nous permettre de facilement récupérer l’information que l’on cherche.

 Lire et relire un cours est rassurant et agréable car cela donne l’impression de le connaître.

Relire un cours ne permet pas de savoir ce qu’on a déjà appris

C’est ballot de prendre du temps pour réviser quelque chose que nous connaissons déjà ! Surtout quand d’autres informations mériteraient tous nos efforts ! Or, si ma stratégie d’apprentissage consiste à lire et relire, je ne saurais jamais sur quel chapitre ou partie de chapitre de je dois me focaliser. La méthode de la relecture sans test possède l’immense tort de ne pas permettre d’évaluer les acquis!

Par ailleurs, quand nous avons tendance à lire nos cours et que nous pratiquons également le test, il y a un point de vigilance crucial à respecter ! Il faut se tester avant de relire son cours et surtout pas après. Et oui ! Quand je relis mon cours, je le réactive dans ma mémoire à court terme. Si bien que si je me teste après, l’évaluation sera totalement biaisée ! J’aurai accès à un grand nombre d’informations pendant le test qui me donneront l’impression que je connais mon cours. En réalité, ces informations ne seront absolument pas intégrées dans ma mémoire à long terme. En conséquence, elle seront en grande majorité très vite oubliées. Dommage…

Relire ne permet pas d’évaluer ses connaissances pour mieux cibler les parties d’un cours à retravailler !

Raisons n°3 : la lecture provoque une attention fragile

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Vous est-il déjà arrivé de lire un cours et de vous surprendre en pleine rêverie ? Votre esprit vagabonde à mille lieues des connaissances que vous lisez et vous ne pourriez même pas dire depuis combien de temps… L’imagerie cérébrale a permis de comprendre ce qui se passe dans ces moments là. Les parties du cerveau chargées du traitement des informations visuelles sont actives mais pas les parties consacrées à la compréhension de l’information. En définitive, nous lisons sans intégrer quoi que ce soit !

Quand nous lisons sans rien intégrer, les parties de notre cerveau en lien avec la compréhension sont « éteintes ».

Le fait de nous tester permet d’éviter ce phénomène, car les tests nous rendent beaucoup plus actifs. De fait, il est plus compliqué de nous perdre dans nos pensées quand nous tentons de réécrire le plus d’informations possible sur un cours. Il en est de même quand nous réexpliquons ce cours à quelqu’un qui nous écoute attentivement.

Ressortir son cours de tête nous rend plus actif, plus engagé et moins distractible.

Conclusion

La lecture et la relecture est un des plus mauvais moyens de réviser et d’apprendre son cours pour les raisons suivantes :

1) Pour apprendre, relire son cours est beaucoup moins efficace que le réécrire ou le réciter de tête

2) La relecture de vos cours ne vous permet pas de savoir ce que vous savez !

3) Lire provoque une attention fragile

     Pour que le cerveau mémorise le plus efficacement possible, il est nécessaire de le « contraindre » à se souvenir.  Ensuite, nous pouvons comparer  ce dont nous nous rappelons à notre cours. De cette manière nous pouvons identifier les oublis et les erreurs. Apprendre consiste principalement à manipuler, manipuler et encore manipuler différentes connaissances. Le premier pas pour manipuler son cours consiste à se le remémorer de tête.

J’espère que cet article vous a éclairé et qu’il va vous aider à gagner en efficacité lors de vos apprentissages. Si vous avez des questions, ou des retours d’expériences à me faire sur ce sujet, sentez vous libre de me les partager ! 😉

D’ici notre prochaine communication, souvenez-vous que vous êtes plein de promesses car :

« Chaque jour nous construisons le cerveau que nous aurons demain ! « 

Avec confiance et motivation 😉

Roman Buchta

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Roman Buchta

Formateur et coach de métier, j'enseigne les neurosciences de l'apprentissage, la gestion du stress et la préparation mentale dans diverses écoles supérieures. Curieux et passionné, je suis toujours en quête de découvertes scientifiques fiables et de nouveautés dans le domaine de l'apprentissage et de la performance en condition de challenge.

Cet article a 5 commentaires

  1. Bonjour, et bien cela conforte ce que je pense avec plus de précisions. Je vais enfin correctement accompagné mon fils dans ses devoirs et l’entraîner à se souvenir. Sais-tu au bout de combien de temps de devoirs le cerveau des enfants saturent?

    1. Roman Buchta

      Bonjour Florence !
      Effectivement, cet article donne des pistes qui sont trop souvent passées sous silence.
      Concernant la durée attentionnelle des enfants, c’est variable.
      Une chose est certaine, celle-ci est plus courte que chez les adultes.
      Et les écrans, sous toutes leurs formes, n’arrangent rien à cela !

      Cependant, il existe des indices pour remarquer la saturation.
      L’enfant bouge de plus en plus, s’agite sur sa chaise.
      ses yeux partent dans le vide, on doit souvent lui répéter la question
      car il est partie dans ses pensées, etc.
      Mais je pense que tu connais tout cela !

      Dès que ces signes se manifestent, c’est l’heure d’un verre d’eau
      et d’un temps de respiration pour le cerveau !
      J’espère que ma réponse te donne des pistes.
      A bientôt 😉

  2. caroline

    Bonjour Roman,
    Si je comprends bien dans une situation d’apprentissage uniquement sur des pdf pour bien mémoriser il faudrait réécrire et se le remémorer de tête ?

    A bientôt

    1. Roman Buchta

      Bonjour Caroline,

      Effectivement, toutes les études en neurosciences de l’apprentissage
      vont dans ce sens. Ressortir les informations de têtes stimule beaucoup plus intensément les circuits
      neuronaux impliqués dans l’apprentissage.
      Cela permet un apprentissage plus riche de sens, plus précis, plus profond et donc plus durable.
      Excellente continuation 😉

  3. Donki

    L’ennui est que, quand les cours sont très longs, il est impossible de se tester sur tout ! Je pense notamment à des cours de concours, où la somme de connaissances est véritablement considérable, et ce malgré avoir fait un travail de synthèse.
    Lire un cours condensé et complexe de 4 000 mots en une heure, c’est faisable. Se tester dessus prend au moins le double de temps, sinon le triple. De fait, on perd en temps et on n’avance pas assez vite dans les révisions. Mais je reconnais que l’article reste tout à fait pertinent.

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